« Personne ne naît bon citoyen, bon démocrate ou bon dirigeant. Cela prend du temps et de l’éducation ». Kofi Annan, ancien Secrétaire général des Nations Unies et prix Nobel de la Paix avait vu juste, la citoyenneté n’est pas spontanée, elle se cultive, elle s’apprend et elle doit s’adapter aux enjeux contemporains.
Née de la révolution française et de la Déclaration des Droits de l’Homme, elle reflète l’image d’un engagement individuel dans la vie publique. Fondement de l’école laïque et longtemps associée à l’unité de la Nation, la définition de la citoyenneté a traversé les époques en répondant aux défis politiques, économiques et sociaux qui se sont succédés dans notre pays.
Elle atteint son apogée lors des deux dernières guerres mondiales où la citoyenneté, alors synonyme de patriotisme, pouvait aller jusqu’au sacrifice ultime pour sa patrie.
L’instruction civique, instaurée par Jules Ferry et chargée de former le peuple dès l’école primaire, devient l’éducation civique dans les années 1970. Ses apprentissages sont alors délivrés dans le secondaire. Les diverses mutations de l’éducation nationale, la fin du service militaire, l’accès banalisé à internet et l’explosion des réseaux sociaux auront finalement raison de l’impact de ces enseignements. La conception même de la citoyenneté devient aujourd’hui une approche abstraite pour la jeune génération.
Et même si le service civique, le service militaire volontaire, la réserve citoyenne, les Cadets de la Défense, le trinôme académique, le service volontaire européen et plus récemment le Service National Universel, sont autant d’outils mis en place pour apprendre et servir la Nation, ils restent tous basés sur une démarche volontaire des jeunes participants.
Leurs objectifs sont certes louables : ils visent tous, en effet, à renforcer la cohésion nationale, à développer la culture de l’engagement à la fois par la mixité sociale, mais aussi par la transmission d’un socle républicain commun. Mais le résultat espéré est loin d’être atteint !
Trop peu de jeunes français s’inscrivent dans ces dispositifs.
Le repli individualiste et le creusement des inégalités éducatives et sociales ont affaibli les valeurs de solidarité et de fraternité qui faisaient la grandeur de notre pays.
Le sens du projet collectif est à reconstruire.
Par conséquent, seul un retour aux enseignements approfondis de la citoyenneté au sein du programme scolaire devrait permettre de retisser ce lien, aujourd’hui distendu, entre les jeunes et la Nation Française.
Aussi, après de nombreuses rencontres avec des Présidents d’associations d’anciens combattants, de membres de l’éducation nationale, mais également de jeunes volontaires au Service National Universel, il apparait essentiel de rendre ce dispositif obligatoire pour tous les jeunes collégiens.
Et quoi de plus universel que l’école.
Du Service National Universel au Parcours Citoyen Universel
Se construire en citoyen Républicain est un parcours quotidien qui doit permettre à chaque jeune d’appréhender, à chaque instant de sa vie sociale, familiale et éducative, ce qui fait l’essence même de notre pays, c’est-à-dire la Liberté, l’Egalité et la Fraternité.
Or, le SNU, tel qu’il est présenté aujourd’hui, ne permet pas de réconcilier notre jeunesse à la dimension collective de la citoyenneté.
De ce fait, à l’heure où son évolution semble inéluctable, je propose de transformer le Service National Universel en Parcours Citoyen Universel, rendu obligatoire, et dont les apprentissages seraient inculqués, sans exception, à tous les jeunes collégiens de la 6ème à la 4ème.
Pour atteindre cet objectif, tous les élèves de 11 à 14 ans bénéficieraient d’un enseignement civique approfondi, prodigué par des experts. Il ne s’agit pas, en effet, de faire reposer la charge de la mise en œuvre du Parcours Citoyen Universel sur les seuls personnels de l’éducation nationale.
C’est ainsi que des interventions de professionnels, en classe, permettraient de renforcer les cours d’éducation morale et civique. Les militaires, les sapeurs-pompiers, les gendarmes en activité ou les réservistes, les membres de l’administration, les associations d’anciens combattants et de mémoire ou humanitaires, les citoyens engagés au sein de la réserve civique, les juristes, les étudiants en médecine ou des professions médicales pourraient faire connaitre leurs missions et susciter des vocations visant à poursuivre cet engagement au sein de la réserve opérationnelle ou civique.
Il est primordial que les collégiens, à l’âge où l’on cherche ses repères, disposent d’un programme dédié à la citoyenneté. Ces enseignements civiques théoriques et pratiques, sous la forme d’ateliers, de visites de sites ou encore de participations à des cérémonies patriotiques, pourraient faire l’objet d’évaluations régulières au cours du parcours scolaire pour aboutir à une valorisation dans le cadre du diplôme national du brevet.
Avant leur immersion au sein du monde de l’entreprise par le biais du stage de 3ème, je crois nécessaire qu’ils soient également initiés à l’engagement citoyen, à la découverte des milieux associatifs sur les notions d’environnement, de culture, de patrimoine, de sports, de solidarité et de devoir de mémoire. Chaque classe choisirait, avec son professeur d’EMC, une association locale à étudier par trimestre avec la production d’exposés à l’issue.
Deux objectifs principaux seraient ainsi poursuivis : aiguiser le sentiment d’appartenance à la Nation des citoyens de demain, d’une part ; leur offrir les moyens de détecter leurs compétences et découvrir leur vocation, d’autre part.
De même, afin de responsabiliser les jeunes adolescents et de les sensibiliser aux sanctions encourues en cas de manquement grave à la loi, des cours visant à les informer de leurs droits et de leurs devoirs de citoyen pourraient leur être délivrés par des représentants des forces de l’ordre.
Enfin, alors que la France accuse un retard considérable sur nos voisins européens et que seulement 20% de nos concitoyens sont formés aux gestes qui sauvent, je propose, dès lors, qu’en fin de 4ème, tous les élèves aient obtenu le brevet national de secourisme.
Cette nouvelle approche, qui pourrait se poursuivre par un engagement bénévole et volontaire au sein des dispositifs des cadets, s’attacherait donc à faire de nos élèves des citoyens engagés, éclairés et responsables!
Dans une société fracturée, où le bien commun a fait place à l’individualisme ou au clanisme, la cohésion nationale autour des valeurs communes de la République doit être le socle d’un nouvel élan citoyen qui permettra à notre jeunesse de renouer avec le sentiment d’appartenance à la Nation. Tel est la finalité du Parcours Citoyen Universel.
Alexandra MARTIN